je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

mercredi 13 septembre 2017

Nikos Kavvadias : Le quart

     Le quart représentent quatre heures que les marins passent, seul ou à deux, sur un bateau pour surveiller l'horizon et prévenir des dangers de la mer ou des collisions, afin d'éviter les naufrages.
     Quatre heures d'affilée de jour comme de nuit, où l'attente et la surveillance aiguisent la solitude de l'homme de mer et où les confidences jaillissent.
     Ce sont des histoires d'hommes qui se racontent et se chuchotent, se confient dans l'infini de la mer et des journées passées à bord.
     La nuit les mots deviennent lourds, se remplissent de toutes les vies croisées ou vécues, et accompagnent ces marins au cœur bien rempli.
     Il est question de femmes, de celles rencontrées dans des bouges du bout du monde, de celles déshabillées pour une nuit sans espoir de retour mais aussi de toutes celles qui manquent parce qu'elles sont loin à jamais .
     Les mots pour parler d'elles sont violents et parfois trop crus. Ces femmes, putes ou mères, sont malmenées par la vie et par les rencontres d'un soir. Pourtant il y a de l'amour dans ces bras qui étreignent, dans les regards portés au bout de la nuit.
      Ces souvenirs racontés à ces heures toutes particulières sont au coeur même de l'humain. Il y a beaucoup de force de vérité dans la description de la houle et du mal de mer qui ravage, la chaleur nous fait suffoquer dans les cales.
     Surprenant récit d'un auteur poète, marin lui aussi, unique roman publié par Nikos Kawadias dans les années 50.
     Il connaît la mer et la vie sur ces cargos, les départs vers les villes du bout du monde où les marins ne connaissent que les ports.
     Hommes, vrais mais broyés dans leur solitude et dans les nuits sans fin à se raconter des
aventures remplies de femmes et de petite vérole.
     Un texte difficile à lire, parce qu'à la fin les mots sont dits sans savoir à qui ils sont adressés ni qui les prononce. Le récit va au-delà, on se laisse porter et on écoute, il nous parle.
      C'est un hommage vibrant à l'homme et à sa condition et c'est entre le récit et la fiction, une expérience de lecture rare.
Nikos Kavvadias - Le quart - Editions folio - parution 1954 - Traduit du grec par Michel Saunier - 339 Pages - 8.20 €
  

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