je veux encore rouler des hanches,

je veux me saouler de printemps

je veux m'en payer des nuits blanches

à cœur qui bat, à cœur battant

avant que sonne l'heure blême

et jusqu'à mon souffle dernier

je veux encore dire "je t'aime"

et vouloir mourir d'aimer

Barbara

mardi 23 décembre 2008

Sea, sex and sun.....

Je viens de terminer avec une certaine tension le dernier livre de Laura Kasischke, "La couronne verte". Découverte d'un auteur, découverte d'une écriture et d'une ambiance. Trois nénettes américaines sacrifient au rituel immuable de leur pays : les vacances de printemps !! Elles finissent le lycée et deviennent des grandes ! Alors voilà, elles ne sont jamais sorties de chez elles, elles ont en tête les recommandations de Papa et Maman et le monde en dehors de l'Amérique ne peut qu'être exotique. Donc direction Cancun, plage, soleil et flirts. Mais le Mexique n'est pas l'Amérique et l'exotisme n'est pas vraiment au rendez vous. Avec une description de paysages à couper le souffle, l'histoire se mêle lancinante, dangereuse et attirante. Le danger ne vient pas toujours des clichés que l'éducation nous a servis. Et cette jeunesse américaine nourrie de hamburgers et ne connaissant du monde qu'un exotisme complétement erroné, va payer cher son ignorance. L'auteur nous renvoie à ces jeunes américains ignorant tout de la vie, s'en allant faire la guerre en Irak pays dont ils ne connaissent rien, ceux là même capables de violer de jeunes filles venues juste faire la fête sur une plage. Pour connaître le monde il faut sortir de chez soi, aller vers les autres, découvrir sans cesse découvrir et ne pas se fier aux apparences. Sur fond de parcours initiatique, l'auteur dans une écriture d'une grande finesse, fait parler à tour de rôle Michelle et Anne et nous entraîne dans la jungle abritant les ruines Chichen Itz. Mort et renaissance, à lire absolument.

lundi 22 décembre 2008

Dernier voyage

Les éditions Grasset viennent d'éditer l'ultime nouvelle de Stéfan Zweig, "le Voyage dans le passé" et c'est avec une certaine émotion que l'on accompagne ce grand auteur dans un imaginaire si subtilement analysé. C'est en exil au Brésil que Stéfan Zweig a mis fin à ses jours avec sa femme un an après avoir fui la terreur nazie.
Après avoir été secrétaire d'un homme d'affaire très riche et amoureux fou de sa jeune épouse, en tout bien tout honneur, Louis étudiant brillant et pauvre, est envoyé par cet homme au Mexique pour le travail. La 1ère guerre mondiale l'empêche de rentrer en Europe au bout d'un an, il va y rester 10 ans se marier et avoir des enfants. Il rentre pour revoir cette femme par politesse, parce qu'il avait promis, parce qu'il n'a aimé qu'elle. Stéfan Zweig avec tout son art nous emmène au bout de cet ultime voyage, où les regards, les frôlements d'épaule valent tous les mots (maux) d'amour. Peut on aller à la recherche de son amour de jeunesse, peut on faire revivre le passé si beau soit il ? Zweig répond à ces questions avec subtilité, sensibilité et impuissance. Le présent est là balayant tout et ici il a l'écho des bottes sur le pavé et l'arrivée d'une nouvelle guerre.
C'est un récit très bref, les phrases, les mots nous touchent mais comme toujours l'histoire enfin la belle histoire reste sans issue...

vendredi 19 décembre 2008

Délicieuses frayeurs, une peur poétique

Maurice Pons est un auteur rare, il a publié environ dix livres en quarante ans. Mais ce sont des merveilles ! Je viens de terminer "Délicieuses frayeurs" et le titre porte celui d'une des neuf nouvelles de ce recueil. Avec un talent de conteur ses mots nous enveloppent et on se demande alors si ces histoires ont existées ou pas. L'écriture est fine, poétique, envoûtante et la chute en une phrase ou juste un mot d'une noirceur inquiètante est absolument délicieuse. Chaque intrigue nous emmène dans un lieu, une atmosphère complètement différente et on comprend mieux le titre. Un mot nous souffle l'horreur, une phrase nous distille l'angoisse. On avait envie de voir le paysage derrière cette fenêtre, on va le voir mais qu'y a t il derrière ? et cette porte elle va s'ouvrir mais sur quoi ?.... L'auteur se moque finalement de ces rêves de liberté qui nous portent et auxquels on croit si fort, alors que la réalité rôde. Ces nouvelles sont intéressantes, elles nous portent dans une poésie et la chute nous cloue sur place. Elles nous font penser à Poe pour le fantastique, ou Maupassant. A déguster comme tout ce qui est rare.

mercredi 17 décembre 2008

Le monde du silence...

Je désirais en savoir plus sur les écrits de Jeanne Benameur, sur la façon qu'elle avait de manier les mots avec sensibilité, à fleur de peau. Le roman que j'ai lu "les Demeurées" est surprenant tant le silence étouffe. Les Demeurées sont la Varienne, la mère, et Luce la petite. La mère est la simple du village, un soir de beuverie un homme la met enceinte. Mère et fille vivent dans une petite maison en symbiose, elles ne parlent jamais. Ce sont des gestes, des regards, un amour infini qui passent entre ces 2 êtres, seules au monde. Mais un jour Luce doit aller à l'école, elle refuse d'apprendre, refuse d'aller en classe, essaie d'oublier ce que l'institutrice lui transmet, parce qu'elle sait qu'elle perdra sa mère. Mais peut on oublier le savoir, la beauté que les mots nous font découvrir, le mystère de la connaissance ? Cet amour immense et exclusif peut il suffire à la petite Luce ? On est touché et ému de voir que c'est possible.... jusqu'à un certain point. Les phrases sont superbes de sensibilité. Pas un bruit, pas un mot, juste l'émotion.

vendredi 12 décembre 2008

j'ai quinze ans, je m'appelle Fatemeh....

Ainsi débute le très bouleversant roman de Chahdortt Djavann, "La muette". C'est le journal d'une condamnée. De sa prison, Fatemeh quinze ans écrit le récit de sa courte vie. Elle va être pendue, alors elle demande à son geôlier un cahier pour pouvoir mettre des mots sur son existence et celle de sa tante adorée surnommée, la muette, morte elle aussi et pour qu'on ne les oublie pas. C'est la vie de ces femmes dans l'Iran des Mollahs. La folie de ces hommes dont la religion relègue les femmes à une inexistence d'une brutalité sans nom. Rien ne leur est épargné : humiliation, violence, jalousie, soumission, viol. Même entre elles, ces femmes ne comprennent pas ce qu'elles sont devenues, elles se trahissent au nom d'Allah. Alors au milieu de ces interdits, de ces tabous et de ces hommes bourreaux, certaines ont levé les yeux, ont regardé le ciel, ont osé aimer et lutter à leur manière. Au prix de leurs vies ces femmes sont devenues des résistantes. Ce récit bref, intense, nous plonge dans l'horreur et une fois lu on ne ne peut pas l'oublier.

dimanche 7 décembre 2008

Atiq Rahimi : Un regard vers l'avenir

Ecrivain, poète et cinéaste, Atiq Rahimi a mis en scène dans un long métrage son troisième roman traduit du persan : "Terre et cendres", pour lequel il a obtenu le prix du Regard vers l'avenir au Festival de Cannes en 1984. En moins de 100 pages, Atiq Rahimi nous raconte l'horreur de la guerre dans un texte sec, halluciné, d'une tristesse infinie. Les mots sont comptés, les gestes et les larmes nous bouleversent.
Le récit se déroule pendant la guerre Russo-afghanne. Un vieil homme, Bâba Djân, et son petit fils sont les seuls survivants d'un village détruit par les russes. Près d'un pont, au bord d'une route ils attendent le passage d'un camion qui les conduira à la mine où le grand père doit annoncer à son fils la terrible nouvelle. L'horreur est là , visuelle, irrémédiable. Quels sont ces mots pour dire l'absurdité de cette guerre,de toutes les guerres ?
Atiq Rahimi à travers ce texte d'une beauté épurée nous livre un cri sans voix qui au delà du désespoir devient ainsi universel.

mardi 2 décembre 2008

C'est fini, l'Algérie c'est fini.

Voilà la certitude vécue par le narrateur en contemplant la baie d'Alger du balcon de sa grand mère en 1955, il a 15 ans. La guerre n'a pas encore fait des ravages et cette année là pour cet adolescent c'est la fin de l'enfance protégée et les "événements" assombrissent son quotidien doré.
"La baie d'Alger" de Louis Gardel, né en Algérie rend hommage à sa grand mère dans ce livre, nous transporte dans cette fin de colonisation quand des hommes ont été obligés d'appartenir à des camps que seuls les conflits savent malheureusement créer. Avec délicatesse,nostalgie il nous peint la vie de ces "Pieds Noirs" qui aimaient tant ce pays, leur pays et qui ne pensaient pas vraiment être des colonisateurs. C'est une peinture très colorée que la vie de cette grand mère adorée et de ses amis, qui aimaient avant tout la vie. Puis il regarde avec tendresse et compréhension ces colonisés souffrant dans leur chair de n'être pas reconnus. Un vent souffle, nouveau, violent et les hommes qui s'aimaient vont se haïr.
Beaucoup de nostalgie dans ce livre. Sans tomber dans les clichés, ce roman nous montre les souffrances, les espoirs de ces hommes embarqués dans un conflit qui les a dépassés trop violemment.



dimanche 30 novembre 2008

Nos séparations, David Foenkinos

Le dernier Foenkinos nous raconte l'histoire de Fritz et Alice, ils se rencontrent, ils s'aiment, ils se quittent et puis ils se re-rencontrent ils se re-aiment et se re-quittent et puis ils se.... Ni avec toi, ni sans toi....
Voilà une belle histoire d'amour, ils vont s'aimer, se marier, avoir des enfants mais pas ensemble.
On s'attache à Fritz, plein de projets pour la vie qui commence pour lui et Alice à qui il voue une très belle passion. Elle aussi on l'aime, ils sont différents, ils se complètent, il la fait souffrir sans vraiment le vouloir. Bref, c'est un roman que l'on n'a pas envie de lâcher, eux non plus d'ailleurs. On voudrait les voir heureux et puis voilà la vie est là, elle continue. Les histoires s'achèvent et puis d'autres recommencent. Je ne me suis pas ennuyée, l'auteur est drôle et sensible, et l'histoire est intéressante et vraie d'un bout à l'autre. On a l'impression de les connaître ces deux là qui jouent à je t'aime moi non plus, on connaît leurs dîners de famille, leurs collègues... A lire absolument au moins pour connaître Foenkinos .

vendredi 28 novembre 2008

Une lueur dans une nuit de tempête

"Laver les ombres" de Jeanne Benameur, nous raconte deux femmes , Romilda et Léa, mère et fille. Léa danse, elle danse pour se sauver, elle danse pour ne pas parler, elle danse pour ne pas s'arrêter, jamais. Elle est amoureuse de Bruno, un peintre, trop immobile pour elle. Un soir de tempête sa mère l'appelle, elle a peur toujours Léa le sait, le sent, elle veut lui parler, il est temps. Alors Léa part retrouver cette femme qui lui a transmis sa peur, elle va enfin savoir.
Et c'est dans une nuit de tempête au bord de la mer , dans la maison de son enfance, que Léa va devenir adulte. A travers des tableaux du passé et présent, la mère va raconter son histoire. Tout a commencé à Naples, Romilda, belle italienne a seize ans. Elle rencontre un beau français, le père de Léa, et pour lui elle devient Suzanne et vend son corps dans une maison close. Ce secret, véritable douleur à jamais tue, Romilda le raconte ce soir, se délivre de ce poids l'entraînant dans les abîmes des non dits. Elle le doit à Léa, pour que Léa puisse vivre.
C'est un texte épuré, douloureux de secret et de vérité. Doit on tout dire à son enfant ? L'amour ne suffit il pas ? Peut on se libérer vraiment du passé en le racontant ? A t on le droit de transmettre ses maux de l'âme ? Le texte est vibrant, retenu, les pauses troublantes, une confession murmurée dans un souffle.
Une information : laver les ombres, en photographie,
signifie mettre en lumière un visage pour en faire un portrait.


mercredi 26 novembre 2008

Le dernier Lodge

La vie en sourdine, le dernier roman tellement autobiographique de David Lodge est une merveille d'humour, de sensibilité et de coquinerie ! Traitant de sujets graves il arrive à nous dire que finalement rien ne vaut la vie même si elle nous brutalise souvent. Desmond est un brillant universitaire et fringuant retraité avec une superbe femme très branchée sauf que Des est sourd comme un pot. Quand par exemple il oublie ses appareils auditifs on souffre comme lui d'être humilié, gêné par ce handicap, surtout quand les gens tiennent à vous parler et qu'ils insistent. C'est lors d'une soirée qu'une étudiante va engager une conversation à laquelle il ne comprendra rien et dont le résultat va bousculer sa tranquillité. L'étudiante est quand même légèrement perturbante et perturbée. Desmond s'occupe également de son père, désirant garder sa liberté et finir sa vie dans sa maison. Des thèmes lourds,
décrits avec justesse, les personnages sont vrais et attachants. Le ton est comique et tragique comme la vie que l'on traverse. Tout est finesse dans ce roman qui nous touche infiniment. J'ai beaucoup aimé.

samedi 22 novembre 2008

Singué Sabour, le pouvoir des mots....

Syngué Sabour, pierre de patience, le Goncourt décerné à Atiq Rahimi est une légende afghane racontant l'histoire e cette pierre mystérieuse ayant le pouvoir d'absorber tous les maux qu'on lui confesse, à la fin quand elle ne peut plus en avaler elle explose. Les mots guérissant les maux, c'est beau. Syngué Sabour m'a fait penser à un conte oriental et je me suis dit humm un peu d'exotisme... Avec un récit court construit dans un style épuré, l'auteur nous raconte, dans un pays dévasté par la guerre,l'histoire d'une femme afghane au chevet de son mari en train de mourir, peut être est il mort. Voilà pour le conte oriental. Dans une pièce vide, une maison vide, cette femme délivre ses mots à son mari qui ne peut pas lui répondre. Elle raconte l'histoire de sa vie, brisée dès l'enfance au nom des croyances, humiliée dans ses rôles de femme et d'épouse. Elle qui n'a jamais pris la parole, n'a jamais regardé cet homme dans les yeux, elle va oser. Elle parle, se libère, raconte ses souffrances, ses espoirs, ses secrets. Ce sont les voix de toutes les femmes humiliées par des hommes devenus bourreaux. Les mots sont percutants, ils font mal. Les phrases brèves nous soufflent l'histoire de cette femme, de toutes ces femmes qui au nom d'une religion, d'un mariage sont bannies de la vie même. Alors voilà elles deviennent des ombres, comment est ce possible ?
Un récit pur, Syngué Sabour ou l'orient à la rencontre de l'occident.

lundi 17 novembre 2008

Dans le monde animal, les faibles sont vite éliminés

C'est la première phrase du livre de Joyce Carol Oates "la fille du fossoyeur" et elle donne le ton à ce récit dense, sombre et palpitant. La famille Schwart quitte l'Allemagne pour fuir le nazisme en 1936 et se réfugie à New York. Rebecca naîtra d'ailleurs à l'arrivée dans le bateau dans de misérables conditions, son père sera employé municipal au cimetière de Milburn et toute la famille connaîtra une vie d'humiliation, de misère sans espoir qui conduira le père au pire. C'est avec cet héritage familial lourd que Rebecca va apprendre la vie, les hommes, la maternité. Une fuite de tous les instants, pour un jour faire face à son passé et essayer de le faire revivre.
Oates avec une recherche précise nous décrit les sentiments, les passions, les désillusions, les frustrations de Rebecca et de sa famille. Le lecteur est emporté par cette vie, le détail est à fleur de peau, l'air se fait rare, on suffoque. Toute sa vie Rebecca vivra sa difficulté d'être une femme et dêtre reconnue et subissant toujours la présence menaçante de l'homme. Mais elle le fera dans un combat permanent.
Le passé nous rattrape toujours, tant mieux quand il nous libère aussi.
C'est un vrai grand roman.

mercredi 5 novembre 2008

Crise de la quarantaine


Je viens de découvrir un auteur Pierre Mari et son deuxième et dernier roman "L'ange incliné". Il enseigne la littérature, ceci expliquant cela. Voilà. C'est à travers l'histoire d'un enseignant de 40 ans le pseudo monologue d'un professeur sur sa triste condition de penseur, d'intellectuel voué à l'incompréhension de ses collègues, du monde littéraire, de ses élèves. Tout est disséqué à merveille, les colloques ennuyeux où il apporte son savoir à des béotiens, les cours donnés à des élèves qui ne perçoivent pas une once de son sublime parcours. Personne n'arrive à le comprendre, ni sa mère veuve depuis peu,ni sa compagne. Pourtant il pense, il pense. Tout est analysé, on voit qu'il y a a du vécu là dedans. Puis arrive sa rencontre, une illumination dans sa vie si fade finalement, avec une jeune femme de 24 ans et là encore tout est décortiqué, la ville sous la pluie, la cathédrale, les cheveux de cette femme et c'est encore compliqué pour lui. Je n'arrive pas à m'attacher à ce héros, à cette histoire. C'est très bien écrit mais tout est ennuyeux dans la vie de ce pauvre enseignant incompris. La morale ? qu'il fasse autre chose !

lundi 3 novembre 2008

Le livre d'Hanna ou pourquoi ne pas oublier

Je viens de terminer le dernier livre de Géraldine Brooks, lauréate du prix Pulitzer 2006, "le livre d'Hanna". A partir d'une histoire vraie, elle nous fait revivre les périodes les plus sombres et les plus dures de la religion quand celle ci était synonyme d'intolérance et de persécutions. La Haggadah, récit de la Pâque juive, va rassembler juifs, chrétiens, musulmans. Grâce à ce livre c'est le combat des hommes pour la liberté, l'amour de l'art, la culture, la transmission qui est décrit avec une force étonnante. Les personnages sont courageux, lâches, cruels et généreux à la fois mais tellement humains. C' est un véritable hymne à la tolérance . Ecrit un peu comme une fantastique enquête à travers le temps, il nous offre une étude intelligente sur l'art religieux. L'auteur nous montre son talent de journaliste quand elle raconte le présent et celui de l'écrivain quand elle nous conte le passé. Le message ? Un profond respect de la mémoire, de la foi, de la différence, de l'être humain nous interpelle jusqu'à la dernière ligne. C'est très fort.

mardi 21 octobre 2008

Orphée aux enfers....à Naples

C'est dans un univers bouillant, dense et envoûtant que nous plonge le dernier roman de Laurent Gaudé : "La porte des enfers". Alternant ombre et lumière, calme et frénésie mentale, espoir et désespoir sans fond, ce récit est absolument obsédant. Pippo le fils de Matteo et Giuliana meurt sous les yeux de son père, sous les balles d'un réglement de comptes entre mafiosi. La douleur s'abat sur ce couple, "donne moi celui qui l'a tué ou rends moi mon fils" voilà ce que demande Giuliana à Matteo. On revit avec Matteo la scène de la mort de son fils évaluant seconde après seconde la possibilité de le sauver, on souffre avec Giuliana de cette insoutenable et brutale disparition. Alors, Matteo nous entraîne dans ses errances, nous partageons ses rencontres avec des êtres aussi inoubliables les uns que les autres. Il doit y avoir une porte au bout de cette nuit.
Matteo va la trouver et descendre les marches qui le conduiront vers son fils.
La mort accompagne chaque page obsédante, cruelle et ironique.
La vengeance ne guérira pas Matteo et Giuliana de la mort de leur fils, la douleur restera à jamais dans leur corps, dans leurs vies.
C'est un livre très fort sur la désespérance la plus totale face à la disparition des êtres chers.
Un beau moment de lecture.

samedi 18 octobre 2008

Et la vie devient prison....

Le livre de Maggie O'Farrel "l'étrange disparition d'Esme Lennox" nous emporte dans un voyage hallucinant d'Inde en Ecosse où la vie dans un milieu privilégié devient une vie violée. Esme sort d'un asile psychiatrique qui ferme ses portes à Edimbourg après avoir passée 60 ans de sa vie. Jetée à 16 ans dans un univers fantomatique, cette jeune fille voit sa vie basculer du jour au lendemain dans l'oubli, le rejet, l'incompréhension et la trahison la plus totale au nom d'une soit disant morale bourgeoise. Esme raconte ses souvenirs, par petites touches, à sa petite nièce venue la chercher à sa sortie. L'histoire se met en place, insoutenable à chaque page. Quelques moments de malice sont pourtant là dans le quotidien qu'elles vont partager. C'est un livre que l'on ne quitte pas, captivant à chaque page avant un dénouement accablant. C'est magistral.

dimanche 12 octobre 2008

Murakami, le magicien


C'est toujours avec un délice évident que je retrouve l'univers de Murakami. Ses 23 nouvelles nous confirment le talent de cet écrivain qui passe du roman aux nouvelles avec autant de grâce. Avec lui la porte n'est pas loin qui nous conduira à ces univers parallèles, ses réalités différentes, ses personnages en dehors de tout et y compris d'eux mêmes, encore faut-il la trouver. On a envie de retenir ces personnages, de les comprendre, d'avoir la solution et puis on se dit non pour quoi faire. Et voilà la poésie est là, le rêve agit et c'est trop beau. Ce sont des histoires simples, quotidiennes et qui basculent dans le fantastique mais pas dans la science fiction. Tout est nectar avec Murakami et on le savoure. Avec sa façon d'éclairer d'éclairer les ténèbres les plus inquiétantes, il nous convie à un véritable feu d'artifices et c'est vraiment très beau.
un exemple : en 1971, un jeune homme cuisine uniquement des spaghettis, il les mange seul et en silence et un jour le coup de fil d'une ancienne amie le sort de sa solitude italienne...
c'est un petit conte, c'est anodin mais non c'est transfiguré par la poésie, l'humour de l'auteur. A lire, pour avoir sa dose de rêve !!

dimanche 5 octobre 2008

Ian McEwan, Amy Bloom, Kate Atkinson


J'ai lu beaucoup ces derniers temps avec plaisir et aussi avec envie de partager ces émotions et ravie de découvrir des auteurs, des héros nouveaux et de me dire encore une fois que la magie des mots reste toujours très forte.
3 livres, 3 auteurs et 3 histoires magnifiques, fortes et différentes pour des moments de lecture intenses et privilégiés.
Le premier, Ian McEwan "Sur la plage de Chesil" : le livre nous transporte en 1960 dans la très puritaine Angleterre où Edward et Florence se retrouvent le soir de leur nuit de noce sur cette fameuse plage. Un voyage au bout d'une nuit inoubliable où justement rien ne s'est passé et où tout est arrivé. Ces deux jeunes gens s'aiment, ils sont vierges tous les deux et ce rien est analysé, décortiqué par l'auteur. Tout, absolument tout est dévoilé : leurs fantasmes, leurs peurs, leurs dégoûts, leurs blocages... Rien n'est dit et pourtant... Un phrase à la fin , une petite phrase résume très bien ce livre où la tension augmente sans cesse jusqu'à l'explosion finale : "Voilà, se dit l'un des deux personnages. Voilà comment on peut radicalement changer le cours d'une vie : en ne faisant rien." Admirable ce drame de l'ignorance et de l'innocence.
Le deuxième, "A quand les bonnes nouvelles" de Kate Atkinson est un roman vif, caustique, souvent drôle avec des personnages très attachants ayant des bleus un peu partout !
Pour résumer l'histoire commence 30 ans plus tôt où l'homicide d'une femme et 2 de ses enfants plongent une famille dans le néant, seule Joanna en réchappe et on la retrouve médecin et mère d'un bébé adoré. Autour d'elle, la baby sitter Reggie qui vient de perdre sa mère et qui s'attache férocement à Joanna et son bébé et d'autres personnages trop blessés par la vie. Mi roman policier, mi roman psychologique ce livre nous scotche par son écriture vive et absolument délicieuse !
Le troisième nous immerge dans la misère des quartiers de New york que découvre Lilian seule survivante des progroms russes en 1924. Elle n'a plus rien à perdre et se lance dans l'aventure du rêve américain. Elle rencontre de vrais amitiés, de fausses solidarités, de vrais souteneurs, la violence de cette vie d'immigrée, des protecteurs. Apprenant que sa fille peut encore être vivante elle quitte tout et entame de New York jusqu'au bas fond de Seattle pour arriver en Alaska une quête afin de retrouver sa fille mais aussi sa place. Elle va y rencontrer l'amour. Ce roman est d'une véritable force au fur et à mesure de cette longue marche entreprise par Lilian. On voudrait tant la soutenir mais elle y arrive toute seule. C'est très beau.
Vraiment ces 3 livres sont terriblement forts et surprenants d'intelligence et de beauté.
A lire absolument !
Bientôt je vous parlerai du dernier livre d'Haruki Murakami "Saules aveugles, femme endormie".
Une autre histoire ou plutôt avec Murakami une autre poésie....

dimanche 21 septembre 2008

rentrée littéraire

Je viens, avec une rare émotion, de terminer le livre de Sylvie Germain Magnus. J'ai été envoûtée dès les première pages. La recherche de ce petit garçon pour son passé, de cet adolescent pour ses racines, et de l'homme pour simplement être heureux est la nôtre aussi. On voudrait l'aider, lui prendre la main et effacer les horreurs et les peurs vécues ou soupçonnées. C'est un beau livre sur l'histoire, la mémoire, la filiation. L'écriture est belle sensible précise, et malgré la noirceur de ce roman, on capte une lumière éblouissante. A lire absolument, c'est une perle rare. En quelques mots, c'est l'histoire de Magnus, un petit garçon qui à 5 ans s'est réveillé d'une forte fièvre qui l'a amputé de sa mémoire. Il doit tout réapprendre, après la guerre il s'aperçoit que son père en fuite était médecin nazi, adopté, on lui a toujours menti. Il va aller à la recherche de son histoire et aller au bout de lui même pour renaître mais la vie est aussi douloureuse que sa recherche d'identité.
Maintenant je vais me consacrer aux choix de livres contribuant à cette fameuse rentrée littéraire, à un petit niveau puisque c'est pour la bibliothèque, mais quand même !! Un véritable enjeu pour les écrivains. Les prix vont couronner un travail de plusieurs années. Choisir et écarter certains auteurs est difficile et même abusif. C'est vrai que tout n'est pas bon dans cette avalanche de livres mais les histoires sont là et nous rappellent que c'est bon cette liberté d'écrire, de choisir l'auteur, l'histoire, le style. En route pour l'évasion ...

mardi 16 septembre 2008

lignes de faille

Je viens de terminer le livre de Nancy Huston "lignes de faille". Je suis bouleversée par toute cette sensibilité dans l'écriture, les mots. Comme c'est beau ! Ce livre nous raconte l'histoire d'une famille sur quatre générations vue à travers le regard d'enfants âgés de 6 ans. En partant de l'Amérique du 21 ème siècle très caricaturale et pourtant si vraie , 60 ans de petites histoires de famille vont rencontrer la Grande Histoire, arrivant ainsi à l'Allemagne nazie et à son horreur qui se répercute si douloureusement.Le rire devient émotion à mesure que nous remontons le temps et découvrons ainsi cette ligne de faille qui a marqué à jamais l'histoire de cette famille. C'est un vrai coup de coeur !

lundi 15 septembre 2008

le retour

Après deux semaines de ballade au Portugal me voilà de retour. J'ai toujours des regrets de rentrer, je suis tellement bien quand je suis loin de ce que je connais. C'était très beau, avec des senteurs de désert et chaleur écrasante dans cette architecture et ces mosaïques.
J'ai lu eh oui ! même ailleurs la lecture m'emporte encore plus loin !
D'abord " la vie aux aguets". William Boyd nous raconte l'histoire d'une dame so british qui était une espionne de haut
vol pendant la dernière guerre. Depuis quelque temps elle se sent espionnée et décide de raconter sa vie à sa fille, qui en est toute chamboulée ! C'est la vie d' Eva Delectorskaya et elle est fantastique. Entre espionnage, amour, trahison sur fond de conflit mondial le texte nous offre un style très vif, un humour surprenant et délicieux. J'ai passé un très agréable moment en le lisant.
Ensuite j'ai découvert, Bernhard Schlink et son premier roman "le liseur". Michaël a quinze ans et il fait la connaissance d'Hanna. Elle a 35 ans et disparaît de sa vie du jour au
lendemain.
Voilà fin de l'histoire, mais non 7 ans plus tard il la retrouve à un procès où elle est accusée. Hanna avait des secrets.
Elle était kapo dans un camp d'extermination pendant la guerre et en 1968 elle est jugée pour ses actes. Tout prend de l'ampleur dans cette histoire. L'amour que ce garçon de 15 ans porte à cette femme, le secret qu'elle garde en elle et toutes ses horreurs commises.
Rien de ce qu'elle a fait est pardonnable à l'homme qu'est devenu Michaël mais l'enfant peut il encore aimer cette femme ?
C'est un roman qui m'a complétement bouleversé par l'impossiblité de cet homme d'oublier l'amour et la trahison d'Hanna et aussi de son pays, l'Allemagne. C'est vraiment un livre à lire.

jeudi 28 août 2008

Andrew et Sylvia.....

je viens de terminer mon livre : Les rescapés du Styx.
C'est une très longue (trop) et très (trop) sensible histoire sur l'industrie et la nature de l'Ontario au 19 ème siècle. Cette grande fresque historique raconte la vie de ces travailleurs arrivant d'un peu partout pour y faire fortune. Ils ont certes appris à affronter les éléments naturels mais ils ont surtout appris à les subir.
En parallèle, Sylvia raconte à Jérôme son histoire d'amour avec Andrew sur un ton intimiste, à mi voix, à travers ses souvenirs, sa mémoire. La nature, l'amour se mêlent dans un paysage particulièrement dur et attirant.
Ce livre se lit bien.
Je trouve que c'est très long, intéressant et trop romantique.

mercredi 27 août 2008

Histoire d'amour

Je m'occupe d' une bibliothèque, et hier un lecteur a rendu un livre en me disant avec un immense plaisir : c'est un chef d'oeuvre !!! que c'est beau d'écrire comme ça !!!
Bon, le livre que je lui avais conseillé était, après m'avoir expliqué ce qu'il attendait de la lecture, un roman d'amour. Cher lecteur, adorable et tellement touchant, moi qui ne lis pas de vrais romans d'amour. Le plaisir qu'il avait à me raconter l'histoire et à me décrire ces personnages fantasques toujours très beaux et habitant toujours de belles demeures m'a fait revoir mon jugement. Après tout qu'attend-on de la lecture ? Chacun y puise une source d'intérêt différent et doit on se moquer de ces romans trop légers ? Charmant lecteur qui a besoin de kleenex tellement l'émotion est grande, qui préfère verser une larme sur une belle héroïne que sur une sombre histoire de guerre, de trahison ou d'horreur. Je lui ai dit que des histoires comme ça j'allais lui en trouver d'autres encore plus belles !

lundi 25 août 2008

Les rescapés du Styx

Voilà je commence mon blog.
Le titre, c'est celui du livre que je lis en ce moment, et c'est aussi la sensation que j'ai ce matin de naviguer dans des contrées nouvelles et mystérieuses pour la création de ce blog.
Sans doute n'intéressera t il que moi, en tout cas je ferai des progrès en informatique !